Le féminisme libéral: une imposture

Libreville, le 18 avril 2023 (Dépêches 241). Le féminisme que la civilisation libérale issue de la modernité occidentale veut imposer partout dans le monde est à mon sens une grossière imposture. Voilà probablement qui fait vrombir certaines âmes pour qui cette idéologie mérite assurément d’être portée et amplifiée en vue d’une meilleure société. Toutefois, qu’elles soient magnanimes et nous accordent d’aller au bout de mes idées.

Si nous postulons l’idée que le féminisme est une imposture, c’est tout d’abord parce qu’il procède en tant qu’idéologie, d’une révolte psycho-sociale qui s’est assignée comme objectif de parvenir à une égalité sociale homme/femme. Objectif tout à fait honorable, si on croit le bel idéal qu’il pointe. Pourtant, il faut rester lucide pour observer que le principe d’égalité même qu’elle ambitionne d’instaurer est autant chimérique qu’impertinent, notamment  en ce qu’il neutralise toute possibilité de cohérence ou d’harmonie sociale. L’égalité n’a jamais régi aucune société nulle part en aucune époque. Une société dans laquelle tous les citoyens ou sujets seraient égaux, quelle affabulation !

Ce pourquoi il faut se battre, c’est la possibilité d’une société juste et équitable dans laquelle la femme comme l’homme trouverait pleinement sa place. D’autant que le principe d’équité favorise le plus aisément la cohésion et la paix sociale puisqu’il tire sa stabilité de la reconnaissance de tous suivant les principes de mérite et de solidarité. C’est cela qui, le plus souvent, a toujours été valable dans nos sociétés. Qu’on ne se leurre pas, l’égalité est un mythe sans profondeur symbolique.

Nous avançons en second lieu que le féminisme est une imposture dans l’exacte mesure où il se donne symboliquement comme un apport de qualité dont la vocation est d’améliorer la condition « lamentable » des femmes dans nos sociétés. Mais qui ne le verrait pas ? À l’évidence, cela relève encore du complexe de supériorité qui fait croire à l’Occident qu’il est de son devoir d’apporter la lumière civilisationnelle aux autres humanités. 

Les dérapages à l’égard des femmes qu’il importe de reconnaître dans nos sociétés ne doivent cependant pas nous faire oublier que la femme, en Afrique noire particulièrement, a toujours été respectée, honorée, bref tenue pour ce qu’elle est : une personne à part entière. Encore plus parce que l’essentiel de nos communautés s’appliquent le matriarcat. Autrement que la descendance est attachée aux mérites de la femme. C’est en outre à croire que ceux qui veulent joliment nous “imposer” des idéologies contraires aux lois de la cohésion sont amnésiques. Car, les Africains ont-ils eu besoin de leçons de féminisme pour confier le destin et la direction de leurs nations à des femmes comme Achepzout, Nzinga, Ndete, Pokou, Ranavalona et bien d’autres ?

Convenons de cesser d’être des copistes. L’histoire de nos sociétés regorge de modèles inspirants. Que nos jeunes femmes ne le sachent pas est certes grave, mais tout n’est pas perdu. Le temps vient où il nous faut les réintroduire à ces modèles héroïques pour qu’elles puissent pleinement s’émanciper sans chercher à imiter un modèle dont l’essence est d’être chimérique.

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