Procès Tanasa: Arnaud Engandji et les suspicions d'une «frappe» de 42 milliards à la GOC

***Arnaud Calixte Engandji Alandji va t-il s’expliquer sur le troue de 42 milliards dans les comptes pendant son passage à la GOC ? © DR***

Libreville le 21 juillet 2022 – ( Dépêches 241). C’est l’une des intrigues et des curiosités nées du procès de Christian Patrichi Tanasa, ancien ADG de Gabon Oil Company pendant son procès devant la Cour Criminelle spéciale pour répondre des crimes de détournements de fonds, de complicité de détournement de fonds publics et Blanchiment de capitaux. Un procès durant lequel le nom de Arnaud Calixte Engandji Alandji, ex Directeur Général de la GOC a été cité abondamment pendant l’audience avec en point d’orgue un détournement supposé de 42 milliards de Fcfa, introuvable dans le compte de la GOC au moment de la prise de fonction de l’accusé.

Qualifié par une partie de l’opinion de « procès de la gouvernance du pays », l’affaire Christian Patrichi Tanasa Mbadinga a ouvert la boîte de pandore de la spirale de détournement de fonds au Gabon, en révélant notamment des faits qui pourraient très prochainement , traduire plusieurs autres personnalités, jusque-là exemptées dans l’affaire Scorpion, devant les tribunaux de la République. C’est notamment le cas Arnaud Calixte Engandji Alandji, ancien ministre de l’Equipement des infrastructures et des travaux publics, et du reste ex Administrateur Directeur Général Gabon Oil Company.

Devant les juges de la cour criminelle spéciale pour répondre des crimes qui lui sont reprochés, Christian Patrichi Tanasa Mbadinga par le biais de ses conseils a révélé l’absence dans les comptes de la GOC d’une faramineuse somme estimée à 42 milliards avant sa prise de fonction. Une situation à la gravité manifeste qui, aux dires de la défense, n’a pourtant pas ému la cour tout au long de la procédure. « Me Anges, l’un des avocats de Tanasa, fait observer à la Cour que quand son client est arrivé à la tête de la GOC, il a trouvé un manque de 42 milliards. Mais le juge d’instruction n’a jamais daigné en savoir plus sur les sorties de cet argent. « Pourquoi ? », a-t-on pu lire dans le compte rendu d’audience de l’association SOS prisonniers.

Plus loin, c’est Ayong Kondje Obame, Directeur Général adjoint à la GOC du temps de la gouvernance de Patrichi Tanasa poursuivi pour les mêmes faits que le dernier cité, qui va abonder dans le même sens que la défense. « Ayong Kondji, sur insistance de la Cour, va dire que de 2016 à 2018, il y a eu une perte de 42 milliards. Le nom d’Arnaud Engandji est abondamment cité comme ancien Directeur de ladite structure. Il n’a jamais été entendu sur cette affaire de 42 milliards… », précise SOS prisonniers dans son compte rendu.

Ainsi révélé, il y’a lieu de nous poser la question de savoir pourquoi la justice gabonaise a fait l’impasse sur cette information. L’Opération Scorpion est-elle un procès contre Brice Laccruche Alihanga et ses BLA-Boys ou un véritable procès contre la gouvernance du pays ? Sinon comment la disparition de 42 milliards dans les comptes de la GOC n’a pas interpellé le parquet et le juge d’instruction sur la nécessité d’entendre les concernés, responsable de la GOC avant Patrichi Tanasa ? Pourquoi Arnault Calixte Engandji Alandji, BLA-Boys reconnu, aujourd’hui homme d’affaires prolifique, n’a jamais été entendu sur cette affaire de 42 milliards ?

Des interrogations légitimes qui devraient conduire, la justice gabonaise, au nom du principe à valeur constitutionnelle d’égalité de tous les individus devant la justice, à élargir sa procédure à toutes les personnes sur qui pèsent des suspicions de détournement à commencer par cette affaire des 42 milliards dont les Gabonais attendent que la lumière soit faite. Il en va de la crédibilité de notre système judiciaire, lequel par ses errements court le risque de faire consacrer l’idée selon laquelle le procès contre Brice Laccruche Alihanga et ses lieutenant n’a pour objectif, non pas de rechercher la vérité mais de régler des comptes au « messager intime » et à ses BLA-Boys.